Président de l’USI depuis mai 2017, François Lequeux vient d’être élu au comité directeur de la LNH, désormais présidée par Olivier Girault. Il explique ce nouvel engagement et livre un regard à 360° sur le handball français actuel et l’avenir du club. Entretien.
François, vous venez d’être élu au comité directeur de la LNH. Quel sentiment prédomine ?
Un sentiment de fierté car on est toujours fier de pouvoir porter des idées. Mais ce n’est pas moi en tant que personne qui vient d’être élu au comité directeur de la LNH, c’est le président de l’US Ivry Handball comme l’un des représentants de l’Union des Clubs Professionnels de Handball. L’idée est de pouvoir donner plus de perspectives à des clubs comme le nôtre tels Cesson, Saran, Massy etc et d’apporter un regard complémentaire à celui existant afin que les clubs situés au Nord de la Loire existent un peu plus.
Pourquoi avoir décidé de vous engager ?
Si nous avons décidé de nous engager, c’est d’abord parce que l’engagement est un leitmotiv à Ivry. Nous voulons mettre l’accent sur un handball populaire et solidaire, un handball pro au service du sport pour tous qui soit un phare pour la pratique en général. À Ivry, nous défendons un handball des territoires, un handball de proximité, nous avons le handball au cœur et nous voulons porter cette voix. Celle de l’excellence et du partage, du sérieux et de la décontraction.
À la LNH, vous siégerez aux côtés d’Olivier Girault, qui prend la suite de Philippe Bernat-Salles à la présidence. Que vous inspire ce changement ?
Il faut saluer le travail fait par Philippe Bernat-Salles ces dernières années et par toute l’équipe de la LNH. On a passé une étape dans notre croissance et il faut en passer d’autres. Olivier a fait une belle campagne, il s’est rendu dans les clubs, il a pris le temps d’écouter ce que chacun avait à dire sur la formation, sur l’économie, la médiatisation. Il va être un président ambassadeur. Nous avons besoin de ça et nous avons besoin de quelqu’un qui a l'envie. Il a un projet, adapté aux enjeux d’aujourd’hui et j’y adhère. Il est évident que nous avons besoin de grands clubs comme Paris, Nantes ou Montpellier pour rayonner, mais il faut aussi penser aux autres.
Un ancien handballeur à la tête de l’institution, c’est une bonne nouvelle ?
Il ne faut pas le réduire à son statut d’ancien joueur de handball. Car ce n’est pas parce que l’on est un ancien sportif que l’on va être un bon président. D’ailleurs, à ce titre, je serais bien mal placé pour dire que c’est indispensable puisque je n’ai pas été joueur à Ivry ou ailleurs avant de devenir président du club. D’ailleurs Philippe Bernat-Salles a démontré que ce n’était pas un handicap ces dernières années. Néanmoins, Olivier, par son glorieux passé, ses réseaux, son travail de fond, sa présence médiatique importante peut apporter quelque chose de plus. C’est quelqu’un qui rayonne.
Quelles sont les actions qui vous semblent primordiales dans les semaines et mois à venir ?
La première de toutes, pour un club comme le notre, c’est de mettre en place un travail important sur tout ce qui entoure la formation. N’oublions pas la contribution des clubs formateurs dans la réussite des équipes de France depuis plus de 20 ans. Il faut favoriser le développement et la protection de la formation en régulant et légiférant ce secteur rapidement. On ne peut pas continuer à investir du temps et des moyens afin de former des jeunes joueurs, avec un savoir-faire certain, et être sans retour sur investissement de la part des joueurs ou des clubs. Nous avons été confrontés à cela récemment et de plus en plus de clubs allemands ou espagnols s’intéressent à nos jeunes en centres de formation. Et pour le moment, on n’est pas en capacité d’avoir des actes de résistance pour contrer cela. Cette situation est mortifère car il n’y a pas de retours pour les clubs. Quand un club comme Ivry forme un joueur tel que Luc Abalo, il y a un rayonnement de prestige. Mais c’est tout. Il y a donc une urgence à trouver une solution car à moyen et court terme, cela va être de plus en plus difficile de former.
Je pense également que la LNH doit développer l’attractivité et la publicité de notre championnat au service de tous les clubs. Et accentuer son accompagnement en proposant la mise en relation entre les acteurs économiques et médiatiques et les clubs. Je pense que l’on peut faire mieux encore en terme de partage de savoir faire.
En terme d’exposition des clubs, il faudrait aussi un rééquilibrage…
Je comprends les diffuseurs qui choisissent certaines équipes phares en fonction de leurs auras ou de leurs résultats. Mais il y a plusieurs équipes qui ne bénéficient pas, ou peu, de diffusions en direct. Quand on a des partenaires qui investissent, ils attendent légitimement une exposition et donc cela complique la donne. Aujourd’hui, il devrait pouvoir être possible, si ce n’est de rééquilibrer, au moins d’adoucir cet écart. En faisant des reportages de fond dans les clubs notamment. De surcroit là où l’échelle humaine est un réel marqueur.
Concernant le club, quel bilan tirez-vous de vos premiers mois ?
C’est un engagement fort et forcément chronophage, mais tellement passionnant ! Ces six premiers mois ne sont pas simples puisque l’on a beaucoup de sujets délicats à gérer. Il y a des fins de contrats, des renouvellements… la passion est très forte autour du club et du handball en général à Ivry. C’est quelque chose de très positif car cette présence importante dans la ville donne de l’énergie et cela facilite certaines choses. Mais en même temps, on est très nombreux à avoir un avis sur ce qu’il faut ou ne faut pas faire. Pourtant, à la fin, je dois être celui qui tranche. Et j’assume cela..
S’il y a l’équipe pro qui attire le plus de lumière, il faut aussi voir ce qui est fait sur les autres équipes. Les rouges et noirs sont une grande famille avec beaucoup de richesse, un engouement fort de la part des supporteurs, des bénévoles et de l’ensemble de nos licenciés. C’est pour tout ca que je suis heureux de pouvoir présider aux destinées de notre club et du handball tel qu’on le défend.
Alors que la seconde partie de saison va débuter pour les pros, êtes-vous satisfait des résultats ?
Sportivement, on est à mi-chemin. Le bilan est mitigé avec des réussites mais aussi des contres performances. Il faut saluer le travail des joueurs et du staff jusque là et continuer à travailler. L’objectif, c’est la progression. Il y a encore de bons coups à jouer. En Coupe de France et en championnat évidemment. Seule la vérité du terrain parlera.
Ensuite, je suis satisfait par toutes les équipes du club : de l’école de hand, des -13, du secteur féminin aux moins 18 ans. Nous sommes sur une très bonne dynamique depuis plusieurs saisons autour de valeurs communes. Le centre de formation avance bien aussi. C’est de bon augure pour la suite et c’est la preuve qu’il y a des bases solides, et que l’on ne se trompe pas de chemin. Le départ de Daniel Hager est un moment important, c'est une figure de l'US Ivry Handball qui s'en va, nous le remercierons jamais assez. Dans la continuité du formidable travail mener par Dan nous allons œuvrer à faire perdurer cet héritage. Son départ nous amène à faire preuve d’adaptation et d’innovation.
Quelles ambitions avez-vous pour les mois et les années à venir ?
A court terme, nous allons changer de locaux administratifs pour un lieu plus adapté à la gestion d’un club pro. C’est une nouvelle belle avancée pour nous. J’ai bon espoir sur le fait de pouvoir offrir à nos jeunes du centre de formation un accueil encore supérieur à moyen terme.
D’autre part, se projeter dans la performance, renforcer notre travail de formation, développer un handball populaire, nous oblige à faire face à l’éternelle question de la salle.
Comme chacun sait, nous avons essayé de nous engager pour les JO 2024 avec l’accueil de la salle dite « Bercy 2 ». Cela s’est refermé et c’est dommage car cela aurait pu rééquilibrer un peu en notre faveur la dotation en équipements à vocation nationale et internationale. Le 93 en bénéficiera et c’est tant mieux pour eux, mais il ne faut pas oublier que les champions de demain sont aussi chez nous. Surtout dans un sport médiatique comme le hand de haut niveau que nous fréquentons depuis 70 ans. Cela nous amène néanmoins à nous questionner et à réaffirmer la nécessité d’évolution de nos équipements. Je crois en un équipement à taille humaine, moderne et conviviale. C’est nécessaire pour que notre club puisse continuer à jouer un rôle important dans le handball français. On a certes un gymnase emblématique mais vieillissant, il respire le handball, nos murs ont une histoire mais cela n’est plus suffisant. Nous savons d’où nous venons mais, en tant que président, je dois porter cette nécessité d’une salle plus adaptée au sport de haut niveau tel qu’il est aujourd’hui. Je suis optimiste sur ce point.